Que vaut la version payante de l'IA ?


Début février, OpenAI a lancé une version payante de son intelligence artificielle générative, ChatGPT Plus. Proposé au prix de 24,20 dollars, soit 22,50 euros en Europe, l’abonnement s’adresse surtout aux utilisateurs professionnels, qui s’appuient sur l’IA dans le cadre de leurs activités quotidiennes.

Certaines professions peuvent en effet tirer profit du chatbot pour se faciliter la vie. C’est le cas des développeurs, des rédacteurs, des publicitaires, des enseignants, des écrivains ou encore des communicants en général. De notre côté, nous avons essentiellement réclamé l’aide de ChatGPT pour obtenir des synonymes, des idées, reformuler des phrases ou recevoir des informations sur certains points. Or, du travail, dans notre vie quotidienne, nous utilisons ChatGPT pour nous souffler des idées de recettes, de voyages, de musiques à écouter ou de livres à lire.

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Des réponses plus rapides… vraiment ?

Nos débuts avec ChatGPT Plus ont été plutôt décevants. Après quelques échanges, nous avons rapidement remarqué que le chatbot n’était pas aussi rapide qu’on l’espérait. Comme la version gratuite, l’IA prenait parfois une dizaine de secondes pour générer une réponse, même aux questions les plus basiques, comme une demande de synonyme. Pour attirer les abonnés, OpenAI assure pourtant que les temps de réponse de GPT Plus sont plus courts…

Interrogé sur la question, ChatGPT Plus va même à l’encontre des promesses d’OpenAI. D’après l’IA, la version payante n’est pas forcément plus rapide que la déclinaison gratuite :

« En tant que modèle de langage, la vitesse de réponse de ChatGPT Plus n’est pas nécessairement plus rapide que celle de ChatGPT gratuit. Les deux modèles peuvent générer des réponses rapidement, en quelques secondes, en fonction de la complexité de la requête et de la charge de traitement sur les serveurs ».

Selon le chatbot, la version payante se distingue plutôt par la taille de sa base de données :

« ChatGPT Plus a été formé sur une quantité encore plus importante de données que ChatGPT gratuit, ce qui lui permet de produire des réponses plus précises et plus contextuelles. Cela signifie que ChatGPT Plus est capable de comprendre les nuances et les subtilités du langage naturel, et peut fournir des réponses plus utiles et informatives aux utilisateurs ».

En fouillant sur le site Web d’OpenAI, nous n’avons pas trouvé la moindre mention d’un entraînement sur un ensemble de données plus large et plus varié pour ChatGPT Plus. Il est probable que le chatbot se soit, une nouvelle fois, mis à raconter n’importe quoi en se basant sur nos requêtes. C’est malheureusement très courant avec ChatGPT, que vous vous adressiez à la version payante ou à la déclinaison gratuite.

Un chatbot toujours disponible ?

Peu après notre inscription, tous les échanges avec l’intelligence artificielle sont devenus impossibles. Le chatbot affichait un message d’erreur à chaque nouvelle question. Il était complètement hors service. En nous rendant sur le site Web d’OpenAI, nous avons remarqué que tous les modèles de langage étaient momentanément en panne.

Nous avons été privés du chatbot pendant près de deux heures… juste après avoir déboursé une vingtaine d’euros pour l’abonnement mensuel. La start-up promet pourtant un accès ininterrompu aux abonnés de ChatGPT Plus, « même aux heures de pointe ». C’est même l’un des arguments de vente principaux d’OpenAI. Si la version gratuite de ChatGPT, victime de son succès fulgurant, est régulièrement inaccessible, on pouvait légitimement espérer mieux de la déclinaison payante.

Ce n’est finalement pas le cas. Comme les utilisateurs de la version gratuite, j’étais dans l’impasse quand les serveurs ont rencontré des dysfonctionnements. C’est arrivé à trois reprises en l’espace d’une semaine. Ces phases de dysfonctionnement ont duré de 10 minutes à deux heures. Sur ce point, OpenAI n’est pas parvenu à tenir ses promesses. C’est problématique parce que la start-up garantit noir sur blanc que les abonnés de ChatGPT Plus auront toujours la possibilité de s’adresser à son robot conversationnel. Pour les utilisateurs professionnels, qui déboursent plus de 20 euros par mois pour être certains de pouvoir poser des questions à ChatGPT, ces pannes sont rédhibitoires.

Une conversation plus fluide

Après plusieurs jours de test, nous devons néanmoins concéder qu’il s’agissait d’une panne exceptionnelle. Le reste du temps, ChatGPT Plus est à l’entière disposition de l’utilisateur, comme le promet OpenAI. Quand les serveurs ne sont pas surchargés, les réponses fusent même à la vitesse de l’éclair.

La réactivité accrue de l’intelligence artificielle est d’ailleurs susceptible de transformer l’expérience de l’utilisateur. Une fois que les réponses ne se font plus attendre, nous avons eu davantage tendance à converser avec le chatbot, comme on le ferait avec un assistant humain. En plus de faire gagner un temps considérable, ChatGPT Plus permet d’approfondir le fonctionnement de l’intelligence artificielle générative, et d’en comprendre les rouages.

En quelques jours d’expérimentation, nous avons eu davantage tendance à nous tourner vers ChatGPT que lorsque nous utilisions la version gratuite, dont la latence est parfois frustrante. Le chatbot est rapidement entré dans nos habitudes, sur smartphone ou sur ordinateur. Malheureusement, dès que les serveurs d’OpenAI sont poussés dans leurs retranchements, et que le ChatGPT gratuit est en rade, les réponses se font légèrement plus poussives. Il nous est régulièrement arrivé d’observer des ralentissements, même à la limite du perceptible, dans la réactivité de l’IA.

Durant notre test, nous avons aussi et surtout remarqué une disparition complète des déconnexions. Lorsque nous utilisions la version gratuite de ChatGPT, nous étions sans cesse déconnectés du site. Il fallait à chaque fois nous reconnecter, que ce soit sur mobile ou desktop, pour poursuivre le dialogue, ce qui nous faisait perdre le fil de nos réflexions. De même, les messages d’erreur étaient réguliers après une longue période d’inactivité. Avec ChatGPT Plus, ces problèmes sont de l’histoire ancienne… et ça change tout.

Le « réflexe ChatGPT »

Avant de souscrire à ChatGPT Plus, nous ne nous servions qu’occasionnellement du chatbot. Il nous arrivait de poser une question ou l’autre à ChatGPT lors de la rédaction d’un article ou devant la télévision, pour obtenir une information rapide sans louper la moitié d’un film. Les échanges étaient généralement très courts. Nous posions notre question et nous fermions la conversation juste après.

Bien souvent, nous quittions même le site d’OpenAI avant d’avoir obtenu une réponse à notre requête. La latence des réponses et les déconnexions épisodiques avaient rapidement raison de notre patience. Trop fréquemment, le chatbot était même indisponible, surchargé par une horde d’interlocuteurs. Pour toutes ces raisons, nous n’avions pas encore le « réflexe ChatGPT ».

Avec ChatGPT Plus, notre usage a vite évolué. Au fil des jours, le « réflexe ChatGPT » s’est imposé dans notre quotidien. Au lieu de pianoter sur Google pour obtenir une réponse basique (le temps de cuisson idéal d’une frittata, la présence d’un acteur au casting d’une série…), nous nous tournons désormais volontiers vers ChatGPT, malgré ses pannes occasionnelles.

Le plus souvent, nous interrogeons celui-ci par le biais de notre smartphone. À nos yeux, l’absence d’application mobile reste un frein à l’utilisation quotidienne de ChatGPT Plus, surtout pour les moins technophiles d’entre nous. OpenAI semble en être conscient. Il se murmure en effet que la start-up travaille sur une application pour smartphone.

En parallèle, nous avons pris davantage de plaisir à converser avec l’IA. Alors que nos échanges se résumaient à une ou deux questions avec le ChatGPT gratuit, nous avons pris l’habitude d’affiner progressivement nos requêtes avec la version payante. De cette manière, nous avons obtenu des résultats de plus en plus précis et pertinents. Avec sa réactivité accrue et sa plus grande stabilité, ChatGPT Plus semble être l’une des clés vers l’adoption du chatbot auprès du grand public.



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